Recipient of a Grant from the Friends of the National Museum for Women in the Arts (Paris / Washington)
December 2020
Heureuse lauréate d’une bourse Urgence Artistes Femmes des amis du National Museum for Woman in the Arts à Washington (www.lesamisdunmwa.fr) pour me permettre de terminer la première sculpture à grande échelle de mon projet BodyScape.
Les Amis du NMWA : Est-ce la première fois que vous participez à un appel à projet destiné exclusivement aux femmes ? En quoi cet appel à projet était particulier pour vous ?
C’est nouveau pour moi. D’abord, j’ai trouvé valorisant qu’un curateur repère mon travail en ligne et m’invite à candidater. Par la suite, les critères de présélection (femmes entre 35 et 45 ans non représentées par une galerie) m’ont fait réfléchir sur mon parcours atypique et fait prendre conscience à quel point il est primordial de se serrer les coudes pour consolider la place des artistes et entrepreneurs femmes. Avec les amis du NMWA, je ressens un sentiment fort d’intégrer une famille engagée et solide. L’obtention de la bourse m’a remonté le moral et permis de me projeter. Grâce à votre soutien précieux, je vais pouvoir achever la première sculpture de ma nouvelle série “BodyScape” – une forme issue d’un scan 3D d’une épaule masculine agrandie dix fois, présentée face concave et praticable par le public – dont la fabrication était en suspens depuis le premier confinement.
Que vous inspire la scène artistique actuelle ?
Compliqué de parler d’une scène artistique globale… Pour avoir longtemps habité aux États-Unis et pas mal travaillé en Europe, fort est de constater qu’il existe de nombreux enjeux différents qui varient selon les pays, les villes, les cultures, les politiques et les économies. De part le monde, les pensées et collaborations qui m’inspirent le plus sont celles qui lient les arts et les sciences. J’ai choisi de devenir artiste parce que j’étais en quête de recherche fondamentale et il me semble que l’art permet de trouver des pistes de manière intuitive. Il me tient à cœur de m’entourer de penseurs engagés qui questionnent notre perception et modifient notre rapport au monde. Les échanges vitaux avec mes amis de tout bord (neurologues, ingénieur.es, philosophes, danseur.euses, écrivain.es, artistes, éducateurs, etc…) sont indispensables à mon développement. Je ne peux pas vivre bien sans eux.
Louise Bourgeois a écrit “l’art est une garantie de santé mentale”, cette affirmation incarne-t-elle la situation en temps de pandémie mondiale ?
Oui et non ! Décalée et éprise de liberté, très jeune l’art m’a semblé comme un terrain potentiel d’exploration et de bien-être alliant l’esprit et le corps. Au cœur même de mon travail se joue la recherche de l’équilibre, autant mental que physique. Mais dans cette quête il y a parfois des moments très difficiles à surpasser, surtout lorsqu’on ne s’inscrit pas dans une logique marchande. Rien de plus précieux alors qu’un retour direct du public qui me met en joie et m’aide à poursuivre mon chemin. De mon côté, les périodes de confinement ont été très compliquées. Célibataire, vivant uniquement des revenus liés à ma production artistique, je peux être dans l’incapacité de créer quand la question de la survie est omniprésente. Par contre, après coup, mon énergie vitale et ma pratique me permettent de transcender les difficultés, de vivre pleinement mon rapport poétique au monde. Images : maquettes et moule de l’épaule géante en cours de réalisation pour le projet “BodyScape” soutenu par la bourse UAF des amis du NMWA et l’aide à la création de la région Occitanie 2019.